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FRANÇOIS VILLON.

« illustration » convenable. On n’a pas de portrait contemporain de Villon. En tête de l’édition probablement la plus ancienne des Repues franches figure bien un clerc tenant une banderole sur laquelle on lit F. Villon (Em. Picot, Catalogue des litres du baron J. de Rothschild, t. 1, p. 259) ; mais cette image, d’ailleurs banale, est un de ces « passe-partout » qu’employaient les imprimeurs du temps et se retrouve ailleurs avec le nom de Virgile. — Le Cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale possède une lithographie de Rulemann (1830) censée représenter Villon et qui se donne pour faite « d’après une gravure sur bois en tête de ses œuvres publiées par Marot » ; mais aucune des éditions données par Marot n’a de portrait, et l’allégation est fictive ou erronée ; le personnage représenté d’ailleurs en costume du XVIe siècle, est un gros garçon jovial et joufflu qui ne ressemble sûrement en rien au poète « sec et noir, plus maigre que chimère », tel qu’il se dépeint lui-même. — La statue de Villon du sculpteur Etchéto, qui s’élève dans le square Monge, est de pure fantaisie, et a le grave défaut de représenter le poète en vêtement court, avec l’épée au côté, tandis que Villon, en sa qualité de clerc et de maître ès arts, portait la robe longue, et, s’il avait une dague, la cachait, comme on l’a vu (p. 52), sous son manteau. — J’aurais voulu, à défaut de portrait, donner une vue exacte du cloître Saint-Benoit, ou au moins de ce portail de Saint-Benoit le Bestourné qui vit commencer la première et finir la dernière aventure de maître François ; mais il n’en existe pas d’image ancienne. — En désespoir de cause, je me suis rabattu sur une représentation du temps, empruntée (en dimension réduite) au très beau manuscrit franc. 17 de la Bibliothèque nationale (Cité de Dieu) : on y voit des galants à la mode de 1460 environ, une jeune fille à sa fenêtre qui sera, si l’on veut, une des « amies » de Villon lisant un poème de lui, et un jeune clerc, — où on peut reconnaître Villon dans un moment où il était en bonne passe et bien nippé, — causant avec un de ses amis.