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FRANÇOIS VILLON.

de vieilles filles que le poète qualifiait de « tantes », cousines peut-être de sa mère et sœurs de Guillaume lui-même. Maître Guillame de Villon n’était pas un grand seigneur, mais il était arrivé à une situation honorable : il était bachelier en décret (c’est-à-dire en droit canon) ; il avait été nommé chapelain de l’église collégiale de Saint-Benoit le Bestourné, et en cette qualité pourvu d’une maison, dite la Porte Rouge, au cloître Saint-Benoit, tout près de la Sorbonne ; c’est là qu’il mourut, septuagénaire, en 1468. Ce bon prêtre fut, nous le verrons, le père adoptif de François, et celui-ci lui en a témoigné la plus touchante reconnaissance. Il parle très différemment d’autres parents, qu’il accuse d’être pour lui sans pitié :

Des miens le moindre, je di voir,
De me desavouer s’avance,
Oubliant naturel devoir
Par faute d’un peu de chevance.


Il ne dit pas que ses parents avaient d’autres raisons pour lui faire un froid accueil ; mais les termes dont il se sert prouvent que ce devaient être des bourgeois, pourvus de l’aisance, et des sentiments, que ce nom comporte.

En 1431, quand François de Montcorbier vit le jour dans quelque pauvre maison d’une rue étroite, Paris était sous la domination anglaise. Le duc de Bedford occupait le Louvre. L’Université de Paris était attachée à la cause de Henri VI : la Faculté de théologie venait de décider que Jeanne d’Arc méritait d’être brûlée comme hérétique, relapse, livrée au diable, homicide et rebelle. La haute bourgeoisie