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FRANÇOIS VILLON.

Il n’avait plus qu’à suivre la filière dans laquelle il était entré, et qui pouvait le mener très loin.

La société du moyen âge, si aristocratique dans son organisation laïque, offrait à tous, dans l’Eglise et ce qui s’y rattachait, un accès aux plus hautes situations. L’Université, qui n’était qu’une des formes ou, si l’on veut, une des dépendances de l’Eglise, garnissait de ses anciens « suppôts » tout ce que nous appelons aujourd’hui les carrières libérales. Il n’était si petit écolier qui ne put aspirer soit à devenir évêque et cardinal, soit à plaider ou à juger au Châtelet et au Parlement, soit à entrer dans les conseils du roi et à gouverner les finances de l’Etat. Il était donc tout naturel que, dans une famille pauvre, quand un enfant se faisait remarquer par son intelligence et son goût du travail, on le dirigeât vers l’Université, soit avec les plus hautes ambitions, soit avec le simple espoir qu’il se fît une situation honorable et aisée : la vocation proprement religieuse n’entrait guère en ligne de compte. Tous ceux qu’on lançait ainsi dans la lutte n’arrivaient pas, bien entendu, au succès. La plupart s’arrêtaient à quelqu’une des étapes de la longue route. Les uns se faisaient simplement prêtres ou moines, allaient desservir les innombrables paroisses de campagne ou entraient dans quelque cloître où ils trouvaient, suivant leur inclination , une vie contemplative et sanctifiée ou une grasse fainéantise. D’autres n’arrivaient pas jusque-là, et, n’ayant reçu que les ordres mineurs (qui leur permettaient le mariage), trouvaient dans leur connaissance de l’écriture et du latin un gagne-pain plus ou moins précaire, se fai-