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LA VIE.

C’était une population singulièrement tumultueuse que celle des écoliers ou « suppôts » de l’Université de Paris. Il y en avait de tous les pays de l’Europe, tous jargonnant le latin médiéval, langue internationale où ils parvenaient tant bien que mal à se comprendre et à comprendre leurs maîtres. Les uns étaient déjà des hommes faits, — car on n’arrivait guère avant quinze ans d’études à être docteur en théologie ou en décret (les Facultés des arts et de médecine n’avaient pas de docteurs), — les autres des enfants, car la Faculté des arts comprenait, on l’a vu, les écoles les plus élémentaires. Ils n’étaient soumis, en leur qualité de clercs, qu’à la justice ecclésiastique ; mais ils vivaient dans de perpétuels conflits avec la police et la justice royales. Les maîtres les soutenaient d’ordinaire dans ces conflits, et employaient contre l’autorité laïque une arme à laquelle celle-ci était presque toujours obligée de céder : la suspension non seulement des leçons, mais des prédications dans les églises. Il y avait d’ailleurs entre l’Université et le pouvoir royal des différends de tout genre, dus à la violation réelle ou prétendue, par celui-ci, des privilèges de celle-là : un de ces différends avait amené, en 1444 et 1445, une « cessation » de six mois et, à la suite, de longs désaccords, qui furent enfin réglés par le légat du pape le 1er juin 1452, au moment même où François de Montcorbier venait d’être reçu maître ès arts.