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LA VIE.

De plus en plus excités, ils imaginèrent ensuite un divertissement qui leur semblait des plus ingénieux. C’était depuis longtemps un sujet fort goûté de leurs plaisanteries que les belles enseignes sculptées qui pendaient aux maisons des riches bourgeois. Une petite pièce facétieuse de ce temps a pour thème le mariage des Quatre fils Aiinon, auxquels on trouve quatre fiancées, et aux noces desquels on fait figurer nombre de personnages, d’animaux ou d’objets également représentés sur des enseignes. Les écoliers de 1452 voulurent mettre en action cette belle idée. Ils décrochèrent de nuit, — non sans péril, car l’un d’eux tomba de l’échelle et fut grièvement blessé, — la Truie qui file des Halles et l’Ours de la Porte Baudoyer, et prétendirent les marier ensemble, avec le Cerf pour prêtre et le Papegaut pour cadeau de noces. Ils parcoururent les rues en bruyant cortège nuptial. Quand leur tapage faisait apparaître aux fenêtres quelque tête inquiète de bourgeois, ils criaient : « Tuez ! tuez ! » et répandaient l’épouvante dans les quartiers paisibles. Ils s’amusèrent aussi à détacher les crocs auxquels les bouchers pendaient leur viande ; ils volèrent des poules à Saint-Germain-des-Prés ; ils enlevèrent de force, — déclarèrent les gens du roi, — une jeune femme à Vanves (mais l’Université protesta plus tard que la jeune femme était venue de son plein gré) : « toutes lesquelles choses, dit dans son enquête le lieutenant du prévôt de Paris, sont détestables, et ont provoqué la clameur du peuple ».

Robert d’Estouteville, prévôt de Paris, — le même que Victor Hugo a mis en scène dans sa Notre-Dame,