Page:Paris - François Villon, 1901.djvu/55

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
47
LA VIE.

nomme la courtisane Flora. Il en connaissait certainement davantage, et il faut lui savoir gré de n’avoir pas, comme Eustache Deschamps, bourré ses vers d’allusions à l’histore grecque et romaine.

La littérature latine du moyen âge n’a guère laissé de traces dans les œuvres de Villon, à moins qu’il ne lui doive le nom de Thaïs, — type de la courtisane dans toute cette littérature, — dont il fait la cousine germaine d’ « Archipiada ». L’Ars memorativa n’est qu’un livre d’école. S’il cite « Mathieu », ce n’est sans doute pas d’après le texte latin, déjà devenu rare, du poème de Matheolus, mais d’après la traduction très répandue de Jean le Fèvre. Il avait lu, mais peut-être dans une traduction, le Policraticus de Jean de Salisbury, auquel il emprunte le nom du pirate qui répondit si hardiment à Alexandre. C’est probablement dans l’Historia septem saplentum qu’il avait trouvé l’aventure d’Octavien, auquel on lit avaler, pour le punir de sa cupidité, l’or qu’il avait préféré à tout. De l’histoire du moyen âge il connaît les noms de Clovis et de Clotaire, — sans parler de Charlemagne, — et, chose assez singulière, celui d’une comtesse du Maine au XIIe siècle, qu’il doit avoir trouvé dans une chronique latine, puisqu’il a conservé la forme latine Haremburgis.

Plus que dans les livres, en général, Villon, qui déclare qu’en fait de lecture il était paresseux, l’avait puisé sa science historique dans la tradition orale qui circulait parmi les écoliers de Paris et dont il nous a conservé de précieux échos. C’est là, et non dans les chroniques, qu’il a trouvé vivant le souvenir du « bon Breton » Claquin (Du Gueselin) et de la