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LA VIE.

formés dans la prison de Meun et renouvelés dans le Testament, il mena bientôt, à l’insu de son vénérable protecteur, une vie aussi déplorable que celle de ses plus mauvais jours. C’est en effet à cette époque qu’il paraît avoir fait ses ballades écrites dans le jargon des coquillards. Toutes ces pièces forment un groupe naturel et doivent avoir été composées en même temps et pour la même bande. Or, dans la première, il est parlé de Paris (Parouart en jargon), dans la deuxième de Rueil. D’autre part, dans la seconde, le poète rappelle le supplice de ses amis Régnier de Montigny et Colin des Cayeux : ce dernier ayant été pendu, comme on l’a vu, en 1461, la ballade en question est nécessairement postérieure à cette date. Les ballades, dans leur ensemble, ont donc été écrites après le Testament et quand Villon habitait Paris. Ainsi il était redevenu un membre actif de la Coquille, dont le nom revient souvent dans ces tristes pièces, et il s’en était fait le poète officiel, célébrant, dans leur langue, les exploits des coquillards et prévenant ses camarades, en homme expert, contre les dangers du métier. Il était retombé in profundum malorum, comme disent volontiers les dossiers du temps, et on pouvait prédire qu’il irait quelque jour rejoindre au gibet ses amis Régnier et Colin.

C’est en effet ce qui deux fois, coup sur coup, faillit lui arriver, la première fois bien peu de temps après sa rentrée à Paris. Dans les premiers jours de novembre 1462 il était enfermé au Châtelet, nous ne savons depuis combien de temps, sous une inculpation de vol. L’inculpation, — chose vraiment sur-