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LA VIE.

appel qu’à tout hasard il avait adressé au Parlement, il n’avait qu’à se résigner à la subir.

Devant la mort imminente sa double nature trouva une suprême expression. Il composa la fameuse ballade des Pendus, empreinte d’un vrai repentir et d’un profond sentiment religieux. C’est du fond du cœur qu’il demande à ceux qui le verront, lui et ses compagnons, pendus à Montfaucon, de ne pas rire et se moquer. Ce n’était pas là une prière sans objet : les gibets et les pendus étaient alors et restèrent longtemps en France une source intarissable de plaisanteries. Villon lui-même, un moment après ou avant sa sérieuse ballade, ne donnait-il pas l’exemple de la « moquerie » qu’il voulait qu’on lui épargnât, en raillant la corde qui allait le pendre dans le quatrain fameux où il créait une facétie destinée à lui survivre pendant des siècles (Né à Paris emprès Pantoise) ?

Cependant son appel eut un succès qu’il ne prévoyait sans doute pas lui-même. Le 5 janvier 1463, le Parlement rendit un arrêt par lequel il annulait, comme excessive, la sentence du prévôt de Paris, mais, « eu regard à la vie mauvaise dudit Villon », le bannissait pour dix ans, non plus du royaume, mais seulement « de la ville, prévôté et vicomte de Paris[1] ».

  1. Ce genre de bannissement, par lequel une province ou une région se débarrassait sur les autres des malfaiteurs qu’elle trouvait dangereux, était très usité. La douceur de la peine (Villon pour le meurtre de Philippe Sermoise avait été banni, il est vrai par défaut, du royaume entier) semble bien montrer que la sentence du prévôt était excessive, et que le méfait n’était pas grave ou n’était pas prouvé.