Page:Paris - Légendes du Moyen-Âge.djvu/106

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dans Virgile[1], l’accès du monde souterrain : or, une croyance fort répandue, – était-elle italienne d’origine ? c’est ce qui reste à examiner, – plaçait sous terre, et spécialement dans une montagne, le royaume d’une déesse ou d’une fée, où ceux qui pouvaient y pénétrer jouissaient de toutes les délices. La Sibylle devint la reine d’un de ces « paradis », tout en restant d’abord avant tout la prophétesse qu’elle était ; puis peu à peu elle perdit cette qualité primitive et ne fut plus qu’une de ces créatures de séduction et de volupté dont l’image, depuis Calypso jusqu’à la Dame du lac, a rempli d’épouvante et d’enchantement les rêves des mortels.

On ne parle plus guère ensuite de notre « paradis ». Il faut cependant que la réputation s’en fût répandue en Allemagne, – on a vu que c’étaient surtout des Allemands qui passaient pour y avoir pénétré, – car on voit pendant le XVe siècle plus d’un Allemand s’en enquérir. Enea Silvio Piccolomini – le futur Pie II – fut un jour consulté par un Allemand, médecin du roi de Saxe, sur l’existence en Italie d’un « mont de Vénus » où l’on enseignait les arts magiques ; il répondit qu’il ne connaissait,

  1. Virgile, à vrai dire, les distingue ; mais il était très naturel de les confondre.