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Page:Paris - Légendes du Moyen-Âge.djvu/108

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leur avait sans doute fait du royaume souterrain de la Sibylle.

En Italie même, on ne parle guère de Norcia qu’à cause de ce lac et des prodiges qui s’y faisaient. Pulci y était allé pour apprendre la magie, et Benvenuto Cellini, sur le conseil d’un nécromant sicilien, s’était proposé de faire le même voyage. Plusieurs auteurs du XVe et du XVIe siècle y font allusion, mais ne parlent pas de la Sibylle[1]. Nous la retrouvons toutefois, et de la façon la plus intéressante, – car ce qui en est dit ne provient ni du Guerino ni d’Antoine de la Sale, – dans l’ouvrage célèbre de fra Leandro Alberti, la Description de toute l’Italie, paru à Bologne en 1550. En parlant de la « Treizième région », ou Marche d’Ancône, Alberti écrit : « On voit dans ce pays les montagnes les plus hautes de l’Apennin, sur l’une desquelles est construit le château de Santa Maria

  1. L’Arétin, cependant, d’après Reumont (voyez plus loin), rapproche la Sibylle de Norcia et la fée Morgane, ce qui semble montrer qu’il connaissait la légende de la séductrice souterraine. Le Trissin, dans son Italie délivrée des Goths, fait figurer la Sibylle de Norcia comme prophétesse, ce qui nous ramène à la forme la plus ancienne de la légende ; mais, en même temps, il l’entoure de nymphes qui essaient de séduire les visiteurs et finissent par se révéler comme des démons. On ne peut distinguer ce qui est traditionnel et inventé dans ce récit, d’ailleurs d’une grande platitude.