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Page:Paris - Légendes du Moyen-Âge.djvu/115

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il devient furieux, s’enfle démesurément, et précipite à travers l’Ombrie ses flots qui viennent à Orte faire déborder le Tibre. « Le Nera donne à boire au Tibre, mais souvent il l’enivre », c’est le dicton populaire. À Triponzo, « les trois ponts », on passe dans la vallée du Cornia, plus étroite et hérissée de rochers plus droits : elle a, comme tant d’autres, son « pont du diable » suspendu sur le gouffre. On rencontre des pâtres farouches, les jambes dans des culottes de peau de chèvre, qui mènent aux montagnes des troupeaux de moutons s’allongeant à perte de vue : tel de ces troupeaux compte dix mille bêtes, que les bergers poussent devant eux à grand renfort de chiens… On sent déjà l’air se rafraîchir ; on approche de la frigida…Nursia de Virgile.

Norcia était autrefois si diffamée par le voisinage du lac aux sortilèges que Norcino était devenu synonyme de sorcier, – ce qui paraît injuste, car dans tous les récits ce sont des étrangers qui viennent faire consacrer au lac leurs livres damnables. Elle est, d’autre part, sanctifiée pour avoir vu naître saint Benoît, le fondateur du Mont-Cassin, l’auteur de la règle des moines d’Occident, dont la statue s’élève sur la place publique et qui aurait dû préserver sa ville natale d’un si mauvais renom.