Page:Paris - Légendes du Moyen-Âge.djvu/118

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il fut toute la journée dans le brouillard, et perdit plus d’une fois son chemin ; il arriva cependant jusqu’à la « chambre » décrite par Antoine de la Sale et y fit des constatations qu’il devait compléter par la suite et que j’ai utilisées plus haut. Pour nous, après avoir passé à Castelluccio une journée morose, et n’espérant plus que le temps se rassérénât, nous nous résignâmes à repartir, d’autant plus que le froid et le vent duraient toujours et qu’on nous les disait plus âpres encore sur les hauteurs. Nous reprîmes donc, le lendemain matin, le chemin de Norcia, souhaitant de renouveler quelque jour notre visite, et de trouver la Sibylle, en ce moment si revêche, plus accueillante une autre fois.

Ce qui me consolait un peu de ma déconvenue, c’est ce que notre ami nous avait rapporté : l’entrée du couloir souterrain est aujourd’hui fermée par une énorme pierre, placée là, nous dirent les naturels du pays, pour empêcher les fées de sortir. Souvent, en effet, surtout par les belles matinées ou soirées d’été, quand le soleil levant ou la lune éclairent dans les vallons les vapeurs légères et mouvantes, on voyait les fées danser sur les prairies, et ces apparitions, toutes gracieuses qu’elles fussent, jetaient dans l’âme une