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Page:Paris - Légendes du Moyen-Âge.djvu/148

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aurait donné au pape un rôle odieux parce que Urbain IV était l’ennemi des Staufen, tandis que la légende italienne, représentée par Guerino il Meschino, aurait attribué au pape un rôle bienveillant et fait absoudre par lui le héros de l’aventure. Cela ne paraît pas vraisemblable. Le récit de Guerino est bien plutôt, comme je l’ai dit, une variante édifiante de l’histoire originaire : si Guerino reçoit l’absolution du pape, cela s’explique fort bien, puisqu’il a résisté aux séductions de la Sibylle.

Mais la présence même de ce récit dans un roman écrit en Toscane avant la fin du XIVe siècle nous fait remonter, pour la légende italienne, à une époque bien plus reculée que celle où apparaissent en Allemagne les premières allusions à l’aventure du Tannhäuser. Je crois donc, pour ma part, que la légende, dans sa forme religieuse, s’est constituée en Italie et a de là passé en Allemagne. Dans la version qu’Antoine de La Sale recueillait en 1420 à Montemonaco, nous voyons, comme dans la chanson allemande, le pape refuser l’absolution au visiteur de la caverne enchantée, s’en repentir ensuite, mais trop tard, et lui envoyer des messagers porteurs de sa grâce, qui n’arrivent qu’après qu’il est rentré