Page:Paris - Légendes du Moyen-Âge.djvu/188

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L’on disoit bien que c’estoit le Juif errant, mais neantmoins on ne s’arrestoit pas beaucoup à luy tant parce qu’il estoit simplement vestu qu’à cause qu’on l’estimoit un compteur de fables, n’estant pas croyable qu’il fust au monde depuis ce temps-là. L’autheur eust fort desiré de discourir avec luy, et l’eust volontiers interrogé ; mais le peu d’estime qu’on faisoit de luy luy fit perdre l’occasion de parler à luy, dont peu après il eust un grand regret. Il ne laissa neantmoins de parler à plusieurs hommes et femmes de ceste ville de Beauvais, lesquels adjoustèrent aucunement foy à ce qu’il leur faisoit entendre. Il demanda l’aumône en la maison de M. Raoul Adrian, advocat, qui luy fut donnée par sa femme 13. »

Le Juif Errant passe pour avoir souvent apparu depuis lors, notamment en Allemagne et en Bretagne. En Angleterre, c’est le vieux Cartaphilus qui reparut à la fin du XVIIe siècle, et qui, s’il faut en croire une lettre de la duchesse de Mazarin, citée par dom Calmet 14, fit beaucoup de dupes et provoqua beaucoup de discussions parmi les savants et les gens du monde : celui qui jouait son rôle avait lu Matthieu Paris.