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Page:Paris - Légendes du Moyen-Âge.djvu/222

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en route, et, parce que son soulier l’embarrassait, il le jeta, et il partit, et en peu de temps ils le perdirent de vue. Il arriva [à Scaricalasino] à l’auberge d’un hôte qui a nom Capecchio, et il posa les enfants devant le feu, et il se mit à l’aise, lui et les enfants, et il fit tuer une couple de bons chapons, et ils étaient déjà mis au feu et le pot bouillait, quand arriva Giano, qui croyait sûrement avoir perdu ses fils, et qui fit grande fête, et un bon bout de temps après arriva Andrea. Et le temps venu, s’étant mis à table et ayant soupé, revenus près du feu, cuisant des châtaignes et discourant avec grand plaisir, Giano se tourna vers ledit hôte, et lui dit : « Comment vont les affaires ? » Il répondit : « Petitement ; et j’ai ces filles (il en avait deux grandes), et je n’ai pas le moyen de les doter et de les marier. » Sur quoi ledit Giovanni serviteur de Dieu se mit à rire 55, et Giano demanda : « De quoi riez-vous ? » Il dit : « Je ris parce que celui-là vous conte des bourdes ; il dit qu’il fait peu d’affaires, quand de Bologne à Florence il n’y a pas d’auberge mieux achalandée et qui fasse plus que celle-ci ; il dit qu’il n’a pas de quoi marier ou doter ses filles, et je dis qu’il a muré dans un trou de cette maison 240 florins d’or, en sorte qu’il les peut très bien marier, et il ne le fait