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Page:Paris - Légendes du Moyen-Âge.djvu/229

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témoin des faits du Seigneur ; car il y en a deux dans le paradis terrestre, c’est Énoch et Élie 63, et en terre il y a ce Giovanni. – Il va, et il ne peut rester que trois jours dans une province, et il marche vite, visible ou invisible ; et il a à dépenser à son plaisir, bien qu’il aille dégarni, sans bourse et sans sac ; il porte seulement la tunique avec un chaperon, il est ceint d’une corde, et nu-pieds le plus souvent ; il arrive aux auberges et mange et boit du bon 64, puis il ouvre la main et laisse tomber ce que l’hôte doit recevoir, et tu ne vois jamais d’où lui vient l’argent, et jamais il ne lui en reste 65. Il a toutes les trois sciences, hébraïque, grecque et latine, et il connaît tous les langages et a à sa disposition tous les mots les plus choisis de toutes les provinces, en sorte que s’il parle avec des Florentins tu diras qu’il est né et nourri à Florence, et ainsi avec des Génois et avec des Bergamasques et avec des Siciliens, et avec des gens de n’importe quel autre lieu, si bien que c’est une chose de grande admiration que le fait de cet homme.

La dernière fois que cet homme extraordinaire vint voir son ami Antonio, la femme de celui-ci était gravement malade, et les médecins comme les parents et les amis engageaient Antonio à se résigner sans garder d’espoir.

Et ledit Giovanni étant arrivé chez moi,