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Notes

28. Le Cartaphilus (puis Joseph après son baptême) dont un archevêque arménien parla en 1228 à Saint-Albans (et à Tournai, mais sans le nommer) n’est pas un vrai Juif Errant ; il était portier du prétoire de Pilate et certainement regardé comme un Romain.

29. Je n’avais pas remarqué que ce nom, inséré dans la notice qui accompagne d’ordinaire l’image populaire du Juif, provenait de cette source. Les lettres du prétendu espion turc, écrites en italien par Jean-Paul Marana, parurent en français à Paris en 1684 (et souvent depuis), puis en anglais et en allemand ; voir la page 62, les numéros 91, 94 et l’addition, p. 431, de l’excellent ouvrage de M. L. Neubauer, Die Sage vom ewigen Juden (Leipzig, 1884). Au reste, bien que la prétendue lettre de l’espion turc porte la date de 1644 (du quatrième jour de la première lune), il est certain quelle n’a été écrite par Marana qu’en 1684 ou peu auparavant : le style et le ton suffisent à le prouver.

30. Cette orthographe par ae, qui a fait rapprocher le nom du juif de Thaddaeus, n’a aucune importance ; elle provient de l’édition d’Augsbourg de Bonatti (voir ci-dessous), où elle est fautive ; Bonatti avait certainement écrit Buttadeus.

31. Pour tout concilier, un livre populaire allemand a supposé qu’il s’appelait originairement Ahasvérus, mais qu’il avait pris le nom de Buttadaeus au baptême : c’est simplement une adaptation de la double désignation de Cartaphilus-Joseph.

32. Nuova Antologia, t. XXIII (1880), p. 413.

33. Romania, t. X, p. 242-216 ; t. XII, p. 112.

34. Voir note 50.

35. Dantzig, 1602, numéro VIII de la liste dressée par M. Neubauer (p. 70-71). Quoique cette édition paraisse être la seule conservée qui fasse mention de « Guido Bonatus » et de « Johannes Buttadaeus », il est probable que cette notice a dû être souvent reproduite.

36. Assises de Jérusalem, t. 1, p. 570. L’éditeur des Assises ne fait aucune remarque sur ce nom, et ne le mentionne pas à la table ; aussi n’avait-il attiré l’attention de personne.

37. Archiv für slavische Philologie, t. V, p. 398 ; t. VIII, p. 321.

38. A. Thomas, Notice sur un recueil de mystères provençaux, dans les Annales du Midi, t. II, p. 389.

39. Le mystère provençal de la Passion, encore inédit, qui est contenu dans un ms. bien connu appartenant à M. Didot (voir P. Meyer, Introduction à Daurel et Beton), ne fait pas exception.

40. On pourrait même se demander si Botadieu n’est pas simplement une à épithète de Malcus, et si l’on ne retrouverait pas là l’identité primitive supposée de ces deux personnages ; mais c’est très peu probable. Botadieu, avant son action funeste, figurait sans doute dans le mystère sous le nom de Jean, qu’il porte toujours ailleurs.

41. L’Ebreo errante in Italia, par M. S. Morpurgo, Florence, 1890.

42. T. 1(1887), p. 34-44.

43. D’après une note de M, Omont dans le tome II du Catalogue des bibliothèques des départements, page 419, ce traité, malgré ses défauts, devait être inséré dans le tome III des Archives de l’Orient latin.

44. M. Morpurgo cite un passage assez analogue, mais moins intéressant par sa forme, dans le voyage de Ser Mariano de Sienne, fait en 1431. Après avoir parlé de la porte par où Jésus sortit pour aller au Calvaire, il ajoute : « Dicesi che qui era quello che è chiamato Johanni Botadeo, e dixe per dispecto a Jhesù : Va’ pur giù, che tu n’arai una tua, una ! Rispose l’umile Jhesù : Io andaro : tu m’aspecterai tanto che io torni. Non ci è perdonanza. »

45. Le texte porte 341, mais Guillaume de Nangis, qui reproduit ce passage, donne 361, qui est préférable : Jean des Temps aurait vécu de 778 à 1439.

46. Voir Liebrecht, Zur Volkskunde, p. 107.

47. Il a d’ailleurs prétendu corriger le nom (d’après quels documents, je l’ignore) : Sub hoc tempus obiit Johannes a Stampis, quem per errorem a Temporibus multi vocarunt ob diuturnam vitam. Et pour diminuer le merveilleux de l’histoire, il propose de supposer que ce personnage avait vécu non sous Charlemagne, mais sous Charles le Simple : « nec 360 sed circiter 160 (lisez 210 circiter) annorum vitam ei contigisse, id quod eliam consenescente mundo magnum et memorabile sit. » (Cité par Graesse, Der Tanhäuser und der ewige Jude, Dresde, 1861, p. 117.)

48. Il serait mort alors vers 1030, et il y aurait eu bien longtemps, au XIVe siècle, qu’il n’aurait pu être rencontré par des « simples » et pris pour Jean Boutedieu.

49. Voir Liebrecht, l. c.

50. Voir le passage impayable de Tommaso Tusco, chroniqueur du XIIIe siècle, cité par M. A. d’Ancona dans les Rendiconti de l’Académie des Lincei (séance du 17 mars 1889). Tusco avait vu Richard en 1231 et avait pieusement cru toutes ses histoires : Et in his omnibus divinam nobis est attendere majestatem, quam in omnibus et ex omnibus collaudemus, quae facit magna et inscruptabilia quorum non est numerus. Le même Guido Bonatti qui parle de Buttadeo avait vu Richard, qui dicebat se fuisse in curia Caroli Magni et vixisse quadragentis annis... Vidi Ricardum Ravenne era Christi millesima ducentesima vigesima tertia. (Cité dans Neubauer, p. 111.) C’est à cause de cela qu’on a souvent allégué « Guy Donatus » comme ayant vu ce survivant de l’époque de Charlemagne. (Voir Liebrecht, l. c.). Il est remarquable que dans ce que le bon Tusco nous rapporte des récits de Richard, il n’y a rien qui se rattache à l’épopée française.

51. Je ne doute pas en effet que ce ne soit de lui qu’il s’agisse dans un passage d’Albéric des Trois-Fontaines que j’ai cité jadis (Hist. poét. de Charlemagne, p. 323) en corrigeant, comme il faut le faire (et comme ne l’a pas fait le dernier éditeur), Guidonius en Gaidonius : In Apulia mortuus est hoc anno (1234) quidam senex dierum, qui dicebat se fuisse armigerum Rollandi Theodricum, qui dux Guidonius dictus est, et imperator multa ab eo didicit. (Monum., Germ., SS., t. XXIII, p 936). La tradition orale, qui avait amené cette notice à Albéric, avait naturellement substitué le célèbre écuyer de Roland à l’écuyer inconnu d’Olivier.

52. C’est proprement M. A. Gherardi qui a trouvé dans les liasses Strozzi, à l’Archivio di Stato de Florence, la relation d’Antonio di Francesco di Andrea.

53. Mentionnons aussi les vers de Cecco Angiolieri, cités par M. Morpurgo d’après un manuscrit, et qui nous montrent la même locution familière qu’emploie Philippe de Novare. On sait la haine féroce que ce poète bizarre, con temporain et ennemi de Dante, nourrissait contre son père, et qu’il a exprimée dans de nombreux sonnets, qui sont assurément au nombre des productions les plus extraordinaires de la poésie. Dans l’un d’eux il s’écrie : « La haine cruelle et violente que je porte avec juste raison à mon père le fera, j’en ai peur, vivre autant que Botadeo. » Le manuscrit a che Giovanni Botadeo, et cette glose prouve que le scribe connaissait la locution avec le nom entier, réduit par le poète pour le besoin de son vers.

54. Antonio écrit Vottadio ou Bottadio, mais c’est une simple variante graphique, qui ne prouve rien pour un rapprochement avec Giovanni de Voto-a-Dio.

55. M. Morpurgo remarque à propos de ce trait que Giovanni se comporte ici autrement que le Juif Errant ordinaire, qui ne rit jamais (non plus que Cartaphilus). Il rapproche le rire ironique de Giovanni de celui de l’uomo selvaggio dans un récit populaire italien ; mais l’anecdote ici racontée rappelle surtout le rire de Merlin (autre homme sauvage), à propos des contradictions qu’il est seul à voir entre les apparences et la réalité.

56. Ce trait ne se retrouve pas textuellement ailleurs, mais il est impliqué dans celles des versions de la légende qui condamnent le Juif au mouvement perpétuel, ce qui n’est pas le cas pour le nôtre.

57. Il est dit ici que, quand la population du Borgo sut que Giovanni Bottadio était là, elle accourut en foule ; il s’était donc nommé, ou Andrea (qui n’est pas mentionné ici) lavait désigné ?

58. C’est le célèbre Léonard Bruni, dit Léonard Arétin, homme véritablement docte et dont l’admiration pour le savoir du prétendu Buttadeo est assez étonnante. Mais était-elle bien sérieuse ?

59. Il est probable que le prétendu Buttadeo, qui parcourait sans cesse l’Italie, observait pas mal de choses et savait en tirer parti à l’occasion, ce qui explique à la fois qu’on l’ait traité à Florence avec tant de ménagements et qu’on ait voulut le pendre comme espion à Vicence.

60. C’était un samedi, comme il est dit plus loin.

61. Comme le remarque M. Morpurgo, l’aubergiste est évidemment influencé à son insu par Giovanni ; de même les soldats qu’avait envoyés Morelli pour le prendre (voir ci-dessus) perdent à sa vue toute énergie.

62. Ces paroles sont visiblement altérées, soit par Giovanni, soit par Antonio, soit par le copiste. Quant à la prétention de Giovanni de corriger le nom altéré de Jean Boutedieu, elle est absurde, et prouve simplement que le verbe buttare n’était pas usité dans le pays dont ce personnage parlait naturellement la langue.

63. On sait que, d’après un passage bien connu de l’Apocalypse, le Moyen Âge a cru qu’Énoch et Élie attendaient dans le paradis terrestre le jour du jugement.

64. Ahasvérus et Cartaphilus sont au contraire très sobres dans leur manger.

65. Ce don merveilleux est plus commode que les fameux cinq sous de notre Laquedem, ou les cinco plaquetas du Juan Espera-en-Dios espagnol. Il est curieux que Giovanni n’ait jamais demandé d’argent à Antonio.

66. Monastère voisin de Florence, habité par des Brigidiens.

67. M. Morpurgo remarque que la robe de franciscain du tiers ordre, dont Giovanni était couvert, n’était sans doute pas étrangère à ce mauvais vouloir des frères du Paradiso, et il présente, au sujet des rivalités de ce genre qui se produisaient souvent, d’intéressantes réflexions.