Page:Paris - Légendes du Moyen-Âge.djvu/251

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Elle se trouve en effet dans un roman hindoustani, la rose de Bakawali, et on sait que la littérature hindoustanie, qui est celle des musulmans de l’Inde, a puisé très souvent dans des sources arabes aussi bien que sanscrites. Nous en avons la preuve à l’endroit même de ce roman qui nous intéresse ; car l’auteur fait précéder l’histoire de l’oiseau captif du récit d’une autre aventure qui lui serait arrivée antérieurement et dans laquelle serait intervenu un jugement de Salomon, personnage assurément inconnu à l’ancienne littérature de l’Inde. Voici comment le romancier rapporte le conte, qui, dans sa version prolixe, est visiblement altéré en plus d’un point, mais qui cependant paraît indépendant des sources des deux autres versions, ce qui lui donne pour la comparaison une réelle valeur :

Quelques jours après (sa première mésaventure), ce même moineau becquetait l’herbe quelque part, lorsqu’un derviche le prit et l’enferma dans une cage. L’animal, inquiet sur sa vie, lui dit alors : « Homme de Dieu, tu n’auras pas beaucoup de profit en me vendant et fort peu d’avantage en me mangeant ; ainsi, il est inutile que tu me gardes. De plus, si tu me lâches, je te donnerai trois [1] avis dont chacun équivaudra à une perle de grand prix. »

  1. La traduction de Garcin de Tassy porte « quelques » ; mais la suite, aussi bien que la comparaison des< autres versions, montrent qu’il faut « trois ».