Page:Paris - Légendes du Moyen-Âge.djvu/259

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traits de l’original, qui manquent dans tous les dérivés de provenance arabe : s’il a perdu le nombre de trois préceptes et laissé tomber le second, fort essentiel au récit, il a gardé le premier, perdu dans les versions arabes, il a gardé l’œuf d’autruche, il a gardé la vaine tentative de l’ennemi de l’oiseau pour se remettre en possession du captif qu’il a laissé échapper ; il remonte donc probablement à une source indépendante, et sans doute au roman grec.

On a cru trouver l’origine de notre conte dans un autre récit oriental, que voici en abrégé :

Un paysan avait un beau jardin, dans lequel un rosier surtout se faisait remarquer par les fleurs qu’il produisait chaque matin. Un jour, le paysan s’aperçut qu’un rossignol déchirait les fleurs du rosier ; il lui tendit un filet et le prit. Le rossignol lui remontra la légèreté de son offense, et le paysan, touché de ses discours, le relâcha. L’oiseau alla se poser sur un arbre et lui dit : « Je veux te récompenser de ta bonté ; au pied de l’arbre qui est derrière toi, tu trouveras un trésor. » Le paysan creusa, et il trouva, en effet, un vase plein d’or et d’argent. « Comment, » dit-il à l’oiseau, « se fait-il que tu aies aperçu ce vase sous la terre, et que tu n’aies pas vu le filet tendu pour te prendre ? — Toute prévoyance, » répondit le rossignol, « est inutile contre la destinée [1]. »

  1. Les Mille et un Jours, contes persans... suivis de plusieurs autres recueils de contes traduits des langues orientales, nouvelle édition, par A. Loiseleur-Deslongchamps (Paris, 1838), p. 448.