Page:Paris chantant, romances, chansons et chansonnettes contemporaines - 1845.djvu/11

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muse n'écrive un jour sur ses tablettes d’airain : En dix-huit cent quarante-quatre, le peuple français était le plus sérieusement lourd et le plus lourdement grave de tous les peuples connus.

Toutefois nous voulûmes, en face d’une mission si haute, appeler à notre aide toute la conscience dont nous étions susceptible. Nous jetâmes les yeux sur le champ que nous allions explorer, et nous reconnûmes qu’à côté de la chanson pure et simple, doux héritage de Collé, patrimoine charmant de l’école française d’Épicure, il y avait un autre domaine ouvert à d’autres adeptes, et consacré à d’autres dieux.

C’eût été donc ne montrer qu’un profil que de s’en tenir à la Chanson.

La Romance occupe une grande place dans nos mœurs musicales, et refuser à la Romance le droit de figurer à côté de sa joyeuse sœur, c’était laisser notre lâche inaccomplie. Puisque Paris soupire sur les pipeaux de M. Lemoine et de Mlle Puget, il faut bien, pour être justes envers tout le monde, ne pas laisser nos neveux ignorer ce côté sensible de nos âmes. Nous voulions être vrais avant tout.

Nous ne terminerons pas sans remercier les écrivains, les poètes et les compositeurs qui ont bien voulu nous prêter généreusement leur concours.

L’idée de cette œuvre est à nous, mais l’œuvre entière est à eux tous.

Chacun d’eux, en nous offrant la page échappée à son caprice, nous apportait sans le savoir un trait fidèle, propre au tableau que nous prétendions esquisser, et c’est de l’ensemble de ces traits divers que jaillira, pour le lecteur, la physionomie réelle, naïve et originale de ce Paris qui chante encore, quoiqu’on disent d’obstinés Héraclites.