[Parlé.) M. Vuillaume fait savoir aux personnes qui i. plus noirs pâlissent de honte à l’aspect de la moutarde désireraient se marier, qu’il tient un incomparable assortiment de veufs, de veuves, de fds et de filles de famille, bruns, blonds, roux, noirs, châtains ou cendrés, au choix des demandeurs, et qu’il se contente d’une légère commission, tout en garantissant la vertu des épouses et la moralité des maris, au moins pour une année, selon l’usage du commerce ! Pommade du l.ion ! Prodige de la Chimie ! pour l’aire pousser instantanément les cheveux, moustaches, favoris, etc. ; avis aux personnes qui voudraient convertir un chien à poil ras en épagneul, ou un simple malou en magnifique angora. Se bien méfier de la concurrence qui exploite la réputation de celte pommade en vendant à la place de la graisse de dromadaire, qui fait pousser des bosses à la tête au lieu de cheveux, ce qui présente un grand inconvénient, surtout pour les personnes mariées.
Pauvres et riches, etc.
Par ce moyen, sans aucun préambule, Nous publions des secrets importants ; Pommade, essence, avec ou sans formule, Trouvent leur place en ce livre étonnant. (Parlé.) Qu’on le dise aux personnes atteintes de phthisie, d’hypocondrie, de pulmonie, de paralysie, d’hydropisie, d’ophthalmie ou d’hydrophohie. Rien ne résiste à l’effet prodigieux de la graine de moutarde blanche : (lui convient aux moutards, comme généralement à tout individu des deux sexes ou autres. La moutarde monle au nez quand on entend vanter les produits de la médecine usuelle ! les purgatifs les < ? blanche, de cette moutarde, la reine des antidotes, l’impératrice des contre-poisons. La duchesse de Rlaguinski avait depuis longtemps son domicile infeclé de rats, qu’elle cherchait à détruire au moyen de boulettes empoisonnées. Mais l’infortunée, ayant eu la maladresse de placer un sac de graine de inoutarde à proximité des boulettes, non-seulement l’effet du poison fut détruit par cet antidote, mais les rats devinrent d’une telle grosseur, qu’ils défièrent les chats les plus aguerris, et qu’au bout d’un mois, celle malheureuse duchesse fui obligée d’abandonner son domicile.
Pauvres el riches, etc.
Enfin, messieurs, nous ouvrons nos colonnes Aux vieux tendrons qu’on cherche à marier, Aux remplaçants, aux portières, aux bonnes. Au gros marchand, au notaire, au banquier. (Parlé.) M. (iannal prévient les personnes qui désireraient se faire embaumer, qu’il a découvert un procédé chimique avec lequel on va remplacer les statues des grands hommes qui ornent nos jardins publics, par le personnage loi-même, embaumé au moyen d’une légère incision pratiquée au gras de la jambe. Ce procédé, qui empêche toute espèce de corruption, convientémineminenl àmessieurs les journalistes, députés, pairs de France, ministres ou autres hommes d’État, qu’on voudrait conserver purs et intacts à l’histoire et à la postérité.
Pauvres el riches, etc.
LA PRÉVOYANCE
Assez longtemps, en joyeux sans souci,
J'ai fait sauter ma vaisselle de poche :
Je suis garçon ; mais demain, Dieu merci,
J'épouse Lise, et Lise est sans reproche.
Que parmi vous, messieurs, plus d'un vaurien
Jette sur moi la maligne épigramme ;
Pour s'amuser, qu'il mange tout son bien ;
Moi, maintenant, qui n'ai presque plus rien,
Je le conserve pour ma femme.
Dans nos salons, comme au quartier latin,
Grâce au progrès qui tous nous émancipe,
Le bon ton veut que le sexe lutin
Fume aujourd'hui son cigare ou sa pipe.
O mes amis ! que je serais flatté
Si ma moitié singeait la grande dame !
Aussi quelqu'un, l'autre jour, m'a prêté
Un brûle... bouche assez bien culotté :
Je le conserve pour ma femme.
Ma vieille tante, en mourant, m'a laissé
Un sansonnet pour unique héritage ;
Un savetier m'en offrait l'an passé
Trois francs dix sous, et me laissait la cage.
Vendre un oiseau qu'on apporta du Pecq
Pour le priver du peu d'air qu'il réclame,
Oh ! non, jamais ! j'aurais le cœur trop sec ;
Il dit si bien : « Veux-tu taire ton bec ! »
Je le conserve pour ma femme.
J'avais jadis un caniche à poil ras,
Et vous savez si l'espèce en est rare.
Nous nous aimions ; mais un matin, hélas!
Mon chien se noie au milieu d'une mare.
Les souvenirs parfois savent toucher :
II m'en reste un de mon pauvre Pyrame,
C'est un gourdin que j'ai soin de cacher,
Qui l'empêcha bien souvent de broncher :
Je le conserve pour ma femme.