Page:Paris ou le livre des 101, tome 14, 1831.djvu/374

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en entrant, soixante ans pour son âge, et 600 francs de pension pour chaque année qui lui reste à vivre.

Institution touchante qui prend le vieillard par la main, et qui d’un monde où la vie pâlit et décline, à soixante ans, le conduit dans un autre où la vie commence à cet âge ! là tous les types de la jeunesse se reproduisent en cheveux blancs : amour, jalousie, rivalité, douleur, tout s’y retrouve : seulement Werther compte douze lustres, et Charlotte a un tour frisé sur le front. Eh ! laissez-les s’aimer, laissez ces vieux cœurs se chercher et s’aider à ranimer leurs cendres ! Dieu qui a soufflé jusque dans la neige et la glace une étincelle de la flamme invisible qui réchauffe le monde, n’a pas voulu éteindre l’amour dans le cœur des vieillards.

Il conviendrait ici que je vous contasse une petite histoire dont Ste-Périne serait le théâtre, et que le héros m’aurait confiée sous les arbres du beau jardin qui fait partie de l’établissement. Je sais que la chose se pratique ainsi, et que tout homme, fabriquant la nouvelle, le drame ou le roman, ne saurait mettre le nez à l’air sans recueillir quelque touchant épisode qu’il s’empresse de livrer aussitôt au public. J’ai vu Ste-Périne ; je me suis promené long-temps dans son vaste jardin, je me suis arrêté dans les allées