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Mémoire

qu’à minuit. Mon ſommeil fut auſſi profond que de coutume ; je m’éveillai ſans beſoin & j’attendis ſans impatience l’heure du dîner. J’ai donc vécu au moins vingt-quatre heures avec ſix onces de cette poudre. Je dois obſerver que les déjections ſe ſont trouvées en raiſon inverſe de la quantité de ſubſtance alimentaire que j’avois priſe : ma poudre eſt preſque toute aliment.

La plûpart des Voyageurs rapportent que beaucoup de Peuples, même les plus ſauvages, prennent des précautions pour les tems de diſette. Les uns font ſécher des poiſſons ; d’autres des viandes dont ils font des décoctions qu’ils réduiſent en tablettes ; il y en a enfin qui conſervent des végétaux dont la ſubſtance nourriſſante eſt rapprochée ſous un petit volume : pourquoi dans des pays civiliſés ſerions-nous privés d’un avantage ſi précieux ? Indépendamment des tems de diſette & de cherté, on pourroit employer notre poudre alimentaire dans les voyages maritimes de long cours, dans les hôpitaux & pour les