d’herbes & de fruits ſauvages. Quel tableau, Sire, pour un Prince ami de l’humanité ? Mais il eſt inutile de rappeler le ſouvenir des temps malheureux déjà loin de nous, & qui ne paroîtront plus au moins avec autant de violence ſi l’on daigne prendre en conſidération les moyens que nous indiquerons dans la ſuite.
A la vérité ſi le temps d’abondance ne ſemble pas le plus propre pour engager à employer quelques précautions contre les ſuites funeſtes de la famine, il a au moins ſur celui des diſettes, l’avantage de faciliter à ceux qui s’en occupent, le loiſir néceſſaire pour les imaginer ; non-seulement on devroit toujours mettre en réſerve le ſuperflu des bonnes années pour ſubvenir aux beſoins que les mauvaiſes occaſionnent, mais il ſeroit encore très-prudent de pourvoir à peu de frais à une proviſion économique aſſez durable pour être préparée & conſervée long-temps avant les époques où ſe manifeſtent le plus communément les diſettes.
Sans rien diminuer de la ſubſiſtance ordinaire pour compoſer la proviſion économique