Page:Parnasse de la Jeune Belgique, 1887.djvu/111

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Le pavé retentit des chevaux qu’on dételle ;
Les arbres grelotants découpent leur dentelle
En plein azur. Le grand silence plus épais
Sur la grande noirceur jette la grande paix.
Le ciel clair est troué de nuages maussades.
Les boutiquiers ont mis des quinquets aux façades.
Les femmes aux bras nus marchant à reculons
Sur les trottoirs mouillés promènent leurs torchons.
Les carreaux des maisons s’éclairent, et muettes,
Passent sur les rideaux de noires silhouettes.
Sur quelque seuil où l’on chuchote en se touchant
De très près, j’aperçois, indiscret, m’approchant,
Un rustre en tête à tête avec une servante.
Passons. L’amour parfait d’une ombre s’épouvante.
Les chariots, dans un demi-jour partiel,
Renversés sur le dos lèvent les bras au ciel ;
Et je rentre chez moi, bien loin, à la campagne,
Où je suis constructeur de châteaux en Espagne.