Page:Parnasse de la Jeune Belgique, 1887.djvu/147

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Quand le tram vert et blanc stoppa, je te tendis
Le poing. Ta jambe fit éclair : tu descendis.
Le sol garda la pointe exquise de tes mules
Soudain une bouffée énorme de senteurs
Monta du tourbillon des feux et des moiteurs,
xxxxSelon les flamandes formules.

C’était d’abord l’haleine écœurante des suifs
S’exhalant vers les cieux en spasmes convulsifs.
Sur de larges fourneaux chantonnaient les fritures ;
La graisse en lents remous roule les prismes blonds
Qui tournent, viennent, vont, montent, nauséabonds,
xxxxPlongent et font des fioritures.

Près d’une fille rouge aux vulgaires poignets,
En jupes qu’un graillon empèse, les beignets
Champignonnaient, sablés de pâle cassonnade.
Ô fluxions de pâte indigeste ! Leurs pleurs
Se figeaient longuement dans la faïence à fleurs
xxxxEt puaient à la cantonade.

Les gaufres aux parfums suspects de pain grillé
Faisaient pyramider leur dôme quadrillé,
Où le sucre avait mis une pointe de givre.
Les pains d’épices mous mêlaient leur fade odeur
Aux couques étalant leur luisante rondeur
xxxxComme des médailles de cuivre.