Page:Parnasse de la Jeune Belgique, 1887.djvu/181

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Solitude


Mon âme est cette ensommeillée,
Cette douce enfant de mensonges,
Aux yeux illuminés de songes,
Qui, dans la nuit, s’est réveillée.

Des blanches fleurs et des beaux fleuves
Rien en son rêve ne subsiste :
Elle est assise, amère et triste,
En une robe d’ombres veuves ;

Et pleure en ses yeux solitaires,
Et dans sa misère éperdue,
Sa grande sœur qui l’a perdue,
Si loin encor des rives chères ;

Et regarde, avec ce visage
D’une enfant que l’on abandonne,
La lune, dans sa paix si bonne,
Poursuivre seule le voyage.