Page:Parnasse de la Jeune Belgique, 1887.djvu/221

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Visions


Je vois passer tous mes baisers,
Toutes mes larmes dépensées ;
Je vois passer dans mes pensées
Tous mes baisers désabusés.

C’est des fleurs sans couleur aucune,
Des jets d’eau bleus à l’horizon,
De la lune sur le gazon
Et des lys fanés dans la lune.

Lasses et lourdes de sommeil,
Je vois sous mes paupières closes
Les corbeaux au milieu des roses
Et les malades au soleil,
 
Et lent sur mon âme indolente
L’ennui de ces vagues amours
Luire immobile et pour toujours,
Comme une lune pâle et lente.