Page:Parnasse de la Jeune Belgique, 1887.djvu/237

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À Celle qui viendra


Ô Toi qui me viendras des lointains de l’espoir
Dans les jardins de lys où t’attendent mes lèvres,
Ne me dis que des mots pleins de rêve et de soir,
Et qui calment en moi le feu des vieilles fièvres !

Que ton amour me soit un sépulcre voulu,
Où l’on dorme enlacés dans des roses fanées,
Les lèvres de l’aimée au front las de l’élu,
Et que s’écoule ainsi la fleur de nos années !

Rien ne vivra vraiment que ce que nous tairons,
Et pour éterniser cet instant que nous sommes,
Puissent nos chers bouquets se mourir en boutons
Et céler leur parfum au vain baiser des hommes !

La douleur des amants et l’ennui des époux,
Ces pauvres assouvis dont l’âme est exilée,
Viendront à notre seuil et s’en iront de nous
Sans soupçonner jamais la paix qu’ils ont frôlée.