Page:Parnasse de la Jeune Belgique, 1887.djvu/25

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Toujours


Tandis que lentement, en ton cœur recueillie,
Tu suivras le sentier amoureux de tes jours,
J*irai seul et portant sur mon âme meurtrie
Le cadavre immortel des premières amours.

Mais tel qu’un naufragé, perdu dans l’agonie
De la mer, jette encore un appel aux cieux sourds,
Avant de disparaître en la nuit infinie,
À toi qui dis : jamais ! je crie encor : toujours !
 
Car c’est ainsi que j’aime, et bien que je m’en aille,
Que plus rien de mon cœur en ton cœur ne tressaille,
Le vent sur mon autel n’éteindra pas le feu :

Il emporte la cendre et relève la flamme !
— Et, puisque tu m’as fait une âme de ton âme,
Nos lèvres s’uniront sur les lèvres de Dieu.