Page:Parnasse de la Jeune Belgique, 1887.djvu/250

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Une Enfant


Les pauvres qui mourront d’avoir vécu d’amour,
Rare et lointaine sœur, t’ont cherchée et rêvée,
Et mes pénibles yeux de l’âme t’ont trouvée
Allant par des chemins de mon triste alentour.

Si quelquefois ta voix module jusqu’à nous
Une de tes chansons pleines de roses blanches,
C’est si doux qu’on s’arrête, éperdu, sous les branches,
Et que les sens ravis n’osent choir à genoux !

Tu ne sais rien du mal où s’en vont mes pareils
Pris aux malins filets de tes sœurs inégales,
Tes jours sont sans désirs et tes nuits sont frugales ;
Et rien que de très pur n’accueille tes réveils.

Le linon de ta jupe est moins immaculé
Que les lys de pudeur de ton adolescence,
Et tel est ton écrin de céleste innocence
Qu’il ne te souvient pas d’un désir formulé !