Page:Parnasse de la Jeune Belgique, 1887.djvu/252

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Le Vallon


Je revois en esprit de calmes paysages
Qui comprirent jadis les soucis de nos cœurs,
Des sites distingués des souffrants et des sages
Et qui font l’âme encline à de douces langueurs.

Ils veulent être vus à cette heure indécise
Où se teignent de soir les blonds après-midis,
Et non dans les matins que l’aurore opalise,
Et non dans la rougeur des couchants refroidis.

Ils semblent, ces vallons de muettes feuillées,
L’abri prédestiné des dolentes amours,
Les discrets confidents des plaintes alliées,
L’alcôve des meurtris qui s’aimeront toujours !

Mais c’est le gîte aussi d’un étrange silence,
Quand parfois les amants s’en viennent enlacés,
Et, les yeux se fuyant, rêvent d’intelligence
De renaître peut-être aux doux frissons passés.