Page:Parnasse de la Jeune Belgique, 1887.djvu/41

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Alléluia


Ton printemps sur ma route égrène ses lilas ;
Oh ! la liqueur d’amour bue à pleine cuvelle,
Vivifiant alcool où, lorsqu’il se sent las,
L’esprit vient repuiser une vigueur nouvelle !

Oh ! le doux Paradis d’espérances pavé
Ouvert aux seuls élus que ton baiser consacre ;
Indicible bonheur entre tes seins trouvé,
Trônant dans les parfums, arc-en-ciellé de nacre !

Oh ! l’adieu frémissant commencé tant de fois,
Interrompu toujours — et, lèvres contre lèvres,
Cet : « À demain, bien sûr ? » mourant avec ta voix
Sur un ton de prière aux résonances mièvres !

Ton printemps sur ma route égrène ses lilas :
Mes veilles par le spleen ne sont plus attristées ;
L’heure où tes bras d’enfant bercèrent mon front las
S’est gravée en mon cœur parmi les plus fêtées…