Aérostat vainqueur des sublimes nuages,
Nostalgique wagon, berceur des longs voyages,
Emportez-moi !
Livre mystérieux des Sybilles, coffret
Où dort, loin des savants, maint austère secret,
Instruisez-moi !
Lourde mante opulente où les fauves soieries
Étoilent leurs prés d’or de fleurs de pierreries,
Revêtez-moi !
Turquoise de douceur, Rubis de cruauté,
Topaze où la lumière endort la volupté,
Adornez-moi !
Lupanar éhonté, plein d’immondes ivresses,
Mêlant tous les baisers et toutes les tristesses,
Épuisez-moi !
Hypocrite vivier, où des poulpes gluants
Traînent leurs suçoirs mous sur les cailloux puants,
Dévorez-moi !
Lazaret des lépreux, hôpital des poètes,
Ténébreux cabanon, pourrissoir des prophètes,
Étouffez-moi !
Page:Parnasse de la Jeune Belgique, 1887.djvu/74
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