Page:Parnasse de la Jeune Belgique, 1887.djvu/77

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Veilleur de Nuit


Voici la ténébreuse et vicieuse nuit,
Que le pas du filou, le hoquet de l’ivrogne,
La voix de la catin qui se pâme et qui hogne,
Emplissent de terreur, de silence et de bruit.

L’heure tinte au clocher. Sur le fumier des âmes,
D’où montent vers le Ciel d’acres exhalaisons,
Éclot dans l’ombre, en ses putrides floraisons,
Le désir obsédant des voluptés infâmes.

Ô nocturnes péchés, fournisseurs de l’enfer !
Votre douceur se change en acide et perfore
Les cerveaux libertins dépouillés de phosphore.

— Est-ce l’ange sonnant la trompette de fer ?
Beuglant sur la cité sa clameur rauque et morne,
Le veilleur, sur la tour, a soufflé dans sa corne.