Page:Parny - Poésies érotiques, 1778.djvu/12

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


À LA MÊME.


                Ô la plus belle des maîtresses,
Fuyons dans nos plaisirs la lumière et le bruit ;
Ne disons point au jour les secrets de la nuit ;
Aux regards inquiets dérobons nos caresses.
        L’amour heureux se trahit aisément !
Je crains pour toi les yeux d’une mère attentive ;
Je crains ce vieil argus, au cœur de diamant,
                Dont la vertu brusque et rétive
                Ne s’adoucit qu’à prix d’argent.
        Durant le jour, tu n’es plus mon Amante.
Si je m’offre à tes yeux, garde-toi de rougir ;
Défends à ton amour le plus léger soupir ;
Affecte un air distrait ; que ta voix séduisante
Évite de frapper mon oreille et mon cœur ;
Ne mets dans tes regards ni trouble, ni langueur.