Page:Parny - Poésies érotiques, 1778.djvu/30

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Si ta bouche brûlante à la mienne attachée
Jettoit dans tous mes sens une vive chaleur ;
Si mourant sous l’excès d’un bonheur sans mesure
Nous renaissions encor, pour encor expirer ;
Quel mal feroit aux dieux cette volupté pure ?
La voix du sentiment ne peut nous égarer,
Et l’on n’est point coupable en suivant la nature.

    Ce Jupiter qu’on peint si fier & si cruel,
Plongé dans les douceurs d’un repos éternel,
De ce que nous faisons ne s’embarrasse guère.
Ses regards déployés sur la nature entière
Ne se fixent jamais sur un foible mortel.
Va, crois-moi, le plaisir est toujours légitime ;
L’amour est un devoir, l’ennui seul est un crime.

    Laissons la vanité riche dans ses projets
Se créer sans effort une seconde vie ;
Laissons-la promener ses regards satisfaits