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Page:Pascal - Les lettres de Blaise Pascal, edition Beaufreton, Crès 1922.djvu/17

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la place du vif-argent. Il faut maintenant voir quel est ce corps.

Présupposons que, comme le sang qui est dans les veines d’un corps vivant est mélangé de bile, de pituite, de mélancolie et de sang, qui, pour sa plus notable quantité, donne au mélange le nom de sang de même l’air que nous respirons est mélangé de feu, d’eau, de terre et d’air, qui, pour sa plus grande quantité, lui donne le nom d’air. C’est le sens commun des physiciens, qui enseignent que les éléments sont mélangés. Or, tout ainsi que ce mélange qui est dans nos veines est un mélange naturel au corps humain, fait et entretenu par le mouvement et action du corps qui le rétablit, s’il est altéré, part exemple, de crainte ou de honte de même ce mélange qui est dans notre air est un mélangenaturel au monde, fait et entretenu par le mouvement et action du soleil, qui le rétablit s’il est empêché par quelque violence. Donc, tout ainsi que la séparation des parties qui composent notre sang se peut faire dans les veines par quelque accident, comme elle se fait es ébullitions qui séparent le plus subtil dans le grossier

de même la séparation des parties qui composent notre air peut se faire dans le