nous nous adressâmes, les années dernières, à l’assemblée du clergé
qui se tenoit alors, pour y demander la condamnation des principales
propositions de ces derniers auteurs, dont nous leur représentâmes un
extrait.
Ce fut là que la chaleur de ceux qui vouloient les défendre parut : ils employèrent les sollicitations les plus puissantes, et toutes sortes de moyens pour en empêcher la censure, ou au moins pour la faire différer, espérant qu’en la prolongeant jusqu’à la fin de l’assemblée, on n'auroit plus le temps d’y travailler. Cela leur réussit en partie ; et néanmoins, quelque artifice qu’ils y aient apporté, quelques affaires qu’eût l’assemblée sur la fin, et quoique nous n’eussions de notre côté que la seule vérité, qui a si peu de force aujourd’hui, cela ne put empêcher, par la providence de Dieu, que l’assemblée ne résolût de ne point se séparer sans laisser des marques authentiques de son indignation contre ces relâchemens, et du désir qu'elle avoit eu d’en faire une condamnation solennelle, si le temps le lui eût permis.
Et pour le faire connoître à tout le monde, ils firent une lettre circulaire à tous nosseigneurs les prélats du royaume, en leur envoyant le livre de saint Charles, imprimé l’année dernière par leur ordre avec cette lettre, où, pour combattre ces méchantes maximes, ils commencèrent par celle de la probabilité, qui est le fondement de toutes. Voici leurs termes : « Il y a longtemps que nous gémissons, avec raison, de voir nos diocèses pour ce point, non-seulement au même état que la province de saint Charles, mais dans un qui est beaucoup plus déplorable. Car si nos confesseurs sont plus éclairés que les siens, il y a grand danger qu’ils ne s’engagent dans de certaines opinions modernes, qui ont tellement altéré la morale chrétienne et les maximes de l’Evangile, qu’une profonde ignorance seroit beaucoup plus souhaitable qu’une telle science, qui apprend à tenir toutes choses problématiques, et à chercher des moyens, non pas pour exterminer les mauvaises habitudes des hommes, mais pour les justifier, et pour leur donner l’invention de les satisfaire en conscience. »
Ils viennent ensuite aux accommodemens qu’ils ont établis sur ce principe de la probabilité. « Car, disent-ils, au lieu que Jésus-Christ nous donne ses préceptes et nous laisse ses exemples, afin que ceux qui croient en lui y obéissent et y accommodent leur vie, le dessein de ces auteurs paroît être d'accommoder les préceptes et les règles de Jésus-Christ aux intérêts, aux plaisirs et aux passions des hommes : tant ils se montrent ingénieux à flatter leur avarice et leur ambition par des ouvertures qu’ils leur donnent pour se venger de leurs ennemis, pour prêter leur argent à usure, pour entrer dans les dignités ecclésiastiques par toutes sortes de voies, et pour conserver le faux honneur que le monde a établi par des voies toutes sanglantes ! » Et après avoir traité de ridicule la méthode des casuistes de bien diriger l'intention, ils condamnent fortement l'abus qu'ils font des sacremens. Enfin, pour témoigner à toute l’Eglise que ce qu’ils ont fait étoit peu au prix de ce qu’ils eussent voulu faire, s’ils en eussent eu le pouvoir, ils finissent en cette sorte : « Plusieurs curés de la ville de Paris et des au-