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POUR LES CURÉS DE PARIS.

C’est cependant une chose déplorable de nous voir abandonnés et traités avec tant d’outrages par ceux dont nous devrions le plus attendre de secours : de sorte que nous ayons à combattre les passions des hommes, non-seulement accompagnées de toute l’impétuosité qui leur est naturelle, mais encore enflées et soutenues par l’approbation d’un si grand corps de religieux : et qu’au lieu de pouvoir nous servir de leurs instructions pour corriger les égaremens des peuples, nous soyons obligés de nous servir de ce qui reste de sentiment de piété dans les peuples pour leur faire abhorrer l’égarement de ces pères !

Voilà où nous en sommes aujourd'hui ; mais nous espérons que Dieu inclinera le cœur de ceux qui peuvent nous rendre justice, à prendre en main notre défense, et qu’ils y seront d’autant plus portés, qu’on les rend eux-mêmes complices de ces corruptions. On y comprend le pape, les évêques et le parlement, par cette prétention extravagante, que les auteurs de ce libelle établissent en plusieurs pages, comme une chose très-constante ; « Que les bulles des papes contre les cinq propositions sont une approbation générale de la doctrine des casuistes. » Ce qui est la chose du monde la plus injurieuse à ces bulles, et la plus impertinente en elle-même, puisqu’il n’y a aucun rapport de l’une de ces matières à l’autre. Tout ce qu’il y a de commun entre ces cinq propositions et celles des casuistes, est qu’elles sont toutes hérétiques ; car, comme il y a des hérésies dans la foi, il y a aussi des hérésies dans les mœurs, selon les Pères et les conciles, et qui sont d’autant plus dangereuses, qu’elles sont conformes aux passions de la nature, et à ce malheureux fonds de concupiscence dont les plus saints ne sont pas exempts. Nous croyons donc que ceux qui ont tant témoigné de zèle contre les propositions condamnées, n’en auront pas un moindre en cette rencontre, puisque le bien de l’Église, qui a pu être leur seul objet, est ici d’autant plus intéressé, qu’au lieu que l'hérésie des cinq propositions n’est entendue que par les seuls théologiens, et que personne n’ose les soutenir, il se trouve ici, au contraire, que les hérésies des casuistes sont entendues de tout le monde, et que les jésuites les soutiennent publiquement.

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SECOND FACTUM


Des curés de Paris, pour soutenir celui par eux présenté à MM. les vicaires généraux, pour demander la censure de « l’Apologie des casuistes, » contre un écrit intitulé : « Réfutation des calomnies nouvellement publiées par les auteurs d’un Factum sous le nom de MM. les curés de Paris, etc. »

Après la dénonciation solennelle que nous avons faite, avec tant de justice et de raison, devant le tribunal ecclésiastique, de l’Apologie des casuistes, dont nous avons découvert les plus pernicieuses maximes et les étranges égaremens, qui ont rempli d’horreur tous ceux à qui Dieu a donné quelque amour pour ses vérités, il y avoit lieu d’espérer que ceux qui s’étoient engagés à la défendre, par un désir immodéré de sou-