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Page:Pascal - Oeuvres complètes, II.djvu/125

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POUR LES CURÉS DE PARIS.


changement de leur style n’est pas l’effet de la conversion de leur cœur, mais une adresse de leur politique, qui leur fait prendre tant de différentes formes en demeurant toujours les mêmes, c’est-à-dire toujours ennemis de la vérité et de ceux qui la soutiennent.

Car il est certain qu’ils ne sont point en effet changés à notre égard, et que ce n’est pas nous qu’ils louent, mais qu'au contraire c’est nous qu’ils outragent, puisqu’ils ne louent que des curés qui n’ont point de part au Factum, ce qui ne touche aucun de nous, qui l’y avons tout entière ; et qu’ils en outragent ouvertement les auteurs et les approbateurs, ce qui nous touche tous visiblement : et ainsi tout le mal qu’ils semblent ne pas dire de nous comme curés, ils le disent de nous comme auteurs du Factum, et ils ne parlent avantageusement de nous, en un sens, que pour avoir la liberté de nous déchirer plus injurieusement en l’autre.

C’est un artifice grossier, et une manière d’offenser plus lâche et plus piquante, que si elle étoit franche et ouverte ; et cependant ils ont la témérité d’en user, non-seulement contre nous, mais encore contre ceux que Dieu a établis dans les plus éminentes dignités de son Église ; car ils traitent de même la lettre circulaire que nosseigneurs les prélats de l’assemblée du clergé ont adressée à tous nosseigneurs les évêques de France, pour préserver leurs diocèses de la corruption des casuistes. et ils disent de cette lettre (p. 7), que c’est « une pièce subreptice, sans aveu, sans ordre et sans autorité, » quoiqu’elle soit véritablement publiée par l’ordre des prélats de l’assemblée, composée par eux-mêmes, approuvée par eux, imprimée par leurs commandemens chez Vitré, imprimeur du clergé de France, avec les Instructions de saint Charles et l’extrait du procès-verbal du 1er février 1657, où ces prélats condamnent les relâchemens de ces casuistes, et se plaignent si fortement « qu’on voit avancer en ce temps des maximes si pernicieuses et si contraires à celles de l’Évangile, et qui vont à la destruction de la morale chrétienne. »

Mais quoi ! cette lettre n’approuve pas la doctrine des casuistes : c’en est assez pour être traitée par les jésuites de fausse et de subreptice, quelque authentique qu’elle soit, et quelque vénérable que puisse être la dignité de ceux de qui elle part. Qui ne voit par là qu’ils veulent, à quelque prix que ce soit, être hors des atteintes et des corrections des ministres de l’Église, et qu’ils ne les reconnoissent qu’en ce qui leur est avantageux, comme s’ils tenoient la place de Dieu, quand ils leur sont favorables, et qu’ils cessassent de la tenir, quand ils s’opposent à leurs excès ? Voilà la hardiesse qui leur est propre. Parce qu’ils se sentent assez puissamment soutenus dans le monde pour être a couvert des justes châtimens qu’on feroit sentir à tout autre qu’à eux, s’il tomboit en de bien moindres fautes : c’est de là qu’ils prennent la licence de ne recevoir de l’Église que ce qu’il leur plaît. Car qu’est-ce autre chose de dire comme ils font : « Nous honorons nosseigneurs les prélats, et tout ce qui vient d’eux ; mais pour cette lettre circulaire envoyée par leur ordre et sous leur nom à tous les prélats de France contre nos casuistes, nous ne l’honorons point, et la rejetons, au contraire, comme une pièce fausse, sans aveu et sans autorité : et nous avons de même de la véné-