Page:Pascal - Oeuvres complètes, II.djvu/2

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Question 3. Si saint Thomas n’est pas contraire à cette définition, et s’il n’est pas d’avis qu’un effet, pour être miraculeux, doit surpasser la force de toute la nature créée.

Réponse 3. Saint Thomas est de même opitnion que les autres, quoiqu’il divise en deux la seconde espèce de miracles : miracles quoad subjectum, et miracles quoad ordinem naturæ. Il dit que les premiers sont ceux que la nature peut produire absolument, mais non dans un tel sujet, comme elle peut produire la vie, mais non dans un corps mort ; et que les seconds sont ceux qu’elle peut produire dans un sujet, mais non par un tel moyen, avec tant de promptitude, etc., comme guérir en un moment et par un seul attouchement une fièvre ou une maladie, quoique non incurable.

Question 4. Si les hérétiques, déclarés et reconnus, peuvent faire de vrais miracles pour confirmer une erreur.

Réponse 4. Il ne peut jamais se faire de vrais miracles par qui que ce soit, catholique ou hérétique, saint ou méchant, pour confirmer une erreur, parce que Dieu affirmeroit et approuveroit par son sceau l’erreur comme faux témoin, ou plutôt comme faux juge ; cela est assuré et constant.

Question 5. Si les hérétiques, connus et déclarés, peuvent faire des miracles, comme la guérison des maladies qui ne sont pas incurables : par exemple, s’ils peuvent guérir une fièvre pour confirmer une proposition erronée.

Question 6. Si les hérétiques, déclarés et connus, peuvent faire des miracles qui soient au-dessus de toute la nature créée, par l’invocation du nom de Dieu et par une sainte relique.

Réponse 5 et 6. Ils le peuvent pour confirmer une vérité, et il y en a des exemples dans l’histoire.

Question 7. Si les hérétiques couverts, et qui, ne se séparant pas de l’Église, sont néanmoins dans l’erreur, et qui ne se déclarent pas contre l’Église, afin de pouvoir plus facilement séduire les fidèles et fortifier leur parti, peuvent faire, par l’invocation du nom de Jésus ou par une sainte relique, des miracles qui soient au-dessus de la nature entière, ou même s’ils en peuvent faire qui ne soient qu’au-dessus de l’homme, comme de guérir sur-le-champ des maux qui ne sont pas incurables.

Réponse 7. Les hérétiques couverts n’ont pas plus de pouvoir sur les miracles que les hérétiques déclarés : rien n’étant couvert à Dieu, qui est le seul auteur et opérateur des miracles, tels qu’ils soient, pourvu qu’ils soient vrais miracles.

Question 8. Si les miracles faits par le nom de Dieu, ou par l’interposition des choses divines, ne sont pas les marques de la vraie Église, et si tous les catholiques n’ont pas tenu l’affirmative contre les hérétiques.

Réponse 8. Tous les catholiques en demeurent d’accord, et surtout les auteurs jésuites. Il ne faut que lire Bellarmin. Lors même que les hérétiques ont fait des miracles, ce qui est arrivé quelquefois, quoique rarement, ces miracles étoient marqués de l’Église, parce qu’ils n’étoient faits que pour confirmer la vérité que l’Église enseigne, et non l’erreur des hérétiques.