Voulez-vous qu’on croie[1] du bien de vous ? n’en dites point.
Je mets en fait[2] que, si tous les hommes savaient exactement ce qu’ils disent les uns des autres, il n’y aurait pas quatre amis dans le monde. Cela parait par les querelles que causent les rapports indiscrets qu’on en fait quelquefois.
La mort est plus aisée[3] à supporter sans y penser, que la pensée de la mort sans péril[4].
Qu’une chose aussi visible qu’est la vanité du monde soit si peu connue, que ce soit une chose étrange et surprenante de dire que c’est une sottise de chercher les grandeurs, cela est admirable !
Qui ne voit pas[5] la vanité du monde est bien vain lui-même. Aussi qui ne la voit, excepté de jeunes gens qui sont tous dans le bruit, dans le divertissement[6], et dans la pensée
- ↑ « Voulez-vous qu’on croie. » Mont., III, 8, p. 410 : « Mais quand tout est compté, on no parle iamais de soy sans perte : les propres condamnations sont tousiours accrues, les loi anges mescrues. »
- ↑ « Je mets en fait. » Cf. ii, 8.
- ↑ « La mort est plus aisée. » En titre dans le manuscrit : Divertissement,titre qui fait comprendre l’intention de cette phrase. Cf. iv, 1. Pascal veut dire que nous ne cherchons le divertissement que pour nous distraire de la pensée de la mort, plus insupportable que ne l’est la mort elle-même sans cette pensée.
- ↑ « Sans péril. » Sans péril de mort.
- ↑ « Qui ne voit pas. » Il est clair que vanité et vain s’entendent ici de ce qui est vide, sans fond, satis solidité.
- ↑ « Dans le divertissement. » Sur le divertissement, voir tout l’article iv.