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Page:Pascal - Pensées, éd. Havet.djvu/634

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556 OPUSCULES DE PASCAL.

sans définition 3. N’employer dans la définition des termes que des mots parfaitement connus, ou déjà expliqués.

Règles pour les axiomes. — 1. N’omettre aucun des prin- cipes nécessaires sans avoir demandé si on l’accorde, quelque clair et évident qu’il puisse être. 2. Ne demander, en axiomes, que des choses parfaitement évidentes d’elles- mêmes.

Règles pour les démonstrations. — 1. N’entreprendre de démontrer aucune des choses qui sont tellement évidentes d’elles-mêmes qu’on n’ait rien de plus clair pour les prouver, 2. Prouver toutes les propositions un peu obscures, et n’em- ployer à leur preuve que des axiomes très-évidents, ou des propositions déjà accordées ou démontrées. 3. Substituer toujours mentalement les définitions à la place des définis, pour ne pas se tromper par l’équivoque des termes, que les définitions ont restreints.

Voilà les huit règles qui contiennent tous les préceptes des preuves solides et immuables. Desquelles il y en a trois qui ne sont pas absolument nécessaires, et qu’on peut né- gliger sans erreur ; qu’il est même difficile et comme impos- sible d’observer toujours exactement, quoiqu’il soit plus parfait de le faire autant qu’on peut ; ce sont les trois pre- mières de chacune des parties :

Pour les définitions : Ne définir aucun des termes qui sont parfaitement connus.

Pour les axiomes : N’omettre à demander aucun des axiomes parfaitement évidents et simples.

Pour les démonstrations : Ne démontrer aucune des choses très-connues d’elles-mêmes.

Car il est sans doute que ce n’est pas une grande faute de définir et d’expliquer bien clairement des choses, quoique

1 « Sans définition. » N’omettre sans définition, pour, ne laisser sans définition.