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Page:Pascal - Pensées, éd. Havet.djvu/90

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PASCAL. — PENSÉES.

Nous ne sentons ni l’extrème chaud, ni l’extrème froid. Les qualités excessives nous sont ennemies, et non pas sensibles : nous ne les sentons plus, nous les souffrons[1]. Trop de jeunesse et trop de vieillesse empêchent l’esprit ; trop et trop peu d’instruction[2]… Enfin les choses extrêmes sont pour nous comme si elles n’étaient point, et nous ne sommes point à leur égard : elles nous échappent, ou nous à elles.

Voilà notre état véritable. C’est ce qui nous rendErreur de référence : Balise <ref> incorrecte : les références sans nom doivent avoir un contenu. incapables de savoir certainement et d’ignorer absolument. Nous voguonsErreur de référence : Balise <ref> incorrecte : les références sans nom doivent avoir un contenu. sur un milieu vaste, toujours incertains et flottants[3], poussés d’un bout vers l’autre. Quelque termeErreur de référence : Balise <ref> incorrecte : les références sans nom doivent avoir un contenu. où nous pensions nous attacher et nous affermir, il branle et nous quitte ; et si nous le suivons, il échappe à nos prises,

taigne dans le chapitre de l’Art de conferer (III, 48, p. #48) ; il ne dit que ce qu’exprime la phrase de Pascal.

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3 « C’est ce qui nous rend. » P. R. : C’est ce qui resserre nos connais- sances en de certaines bornes que nous ne passons pas, incapables de savoir tout el d’ignorer tout absolument. A1 est clair que cette altération et toutes les autres qui vont être indiquées ont pour but de prévenir le trouble et le découragement que de pareilles idées pourraient porter dans les esprits. C’est un petit mal de ne pas savoir tout : c’en est un grand de ne rien savoir cerlainement, avec certitude.

& « Nous voguons. » P. R. : nous sommes. — Sur un milieu. Mont., Apol., p. 326 : « Nous n’avons aulcune communication à l’estre, parceque » toute humaine nature est tousiours au milieu, entre le naïstre et le mou» rir, » etc.


$ « Quelque terme. » P.R. a mis : Et si nous pensons aller plus avant, notre objet branle el échappe à nos prises ; il se dérobe et fuit d’une fuite éternelle ; rien ne le peut arréter.

  1. « Nous les souffrons. » Remarquez comme cette phrase est amenée par la précédente. Dans un bon style, les expressions les plus fortes et les plus concentrées doivent être préparées par d’autres, de manière à satisfaire l’esprit et à le frapper sans l’étonner.
  2. « Trop et trop peu d’instruction. » Il y a après ces mots un point bien formé dans le manuscrit. P. R. supplée l’abêtissent. Mais, avec trop peu d’instruction, on n’est pas abêti ; on demeure seulement dans la bêtise naturelle. (Cf. iii, 48.) — C’est plutôt, trop et trop peu d’instruction empêchent l’esprit, comme tout à l’heure.
  3. « Et flottants. » P. R. : et flottants entre l’ignorance et la connaissance.