Page:Pascal - Pensées, 2e édition G. Desprez, 1670.djvu/281

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n’en sortirait pas pour aller sur la mer, ou au siège d’une place : et si on ne cherchait simplement qu’à vivre, on aurait peu de besoin de ces occupations si dangereuses.

Mais quand j’y ai regardé de plus près, j’ai trouvé que cet éloignement que les hommes ont du repos, et de demeurer avec eux-mêmes, vient d’une cause bien effective, c’est-à-dire du malheur naturel de notre condition faible et mortelle, et si misérable, que rien ne nous peut consoler, lorsque rien ne nous empêche d’y penser, et que nous ne voyons que nous.

Je ne parle que de ceux qui se regardent sans aucune vue de Religion. Car il est vrai que c’est une des merveilles de la Religion Chrétienne, de réconcilier l’homme avec soi-même, en le réconciliant avec Dieu ; de lui rendre la vue de soi-même supportable ; et de faire que la solitude et le repos soient plus agréables à plusieurs, que l’agitation et le