Page:Pascal - Pensées, 2e édition G. Desprez, 1670.djvu/286

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vraie béatitude soit dans l’argent qu’on peut gagner au jeu, ou dans le lièvre que l’on court. On n’en voudrait pas s’il était offert. Ce n’est pas cet usage mol et paisible, et qui nous laisse penser à notre malheureuse condition qu’on recherche ; mais c’est le tracas qui nous détourne d’y penser.

De là vient que les hommes aiment tant le bruit et le tumulte du monde ; que la prison est un supplice si horrible ; et qu’il y a si peu de personnes qui soient capables de souffrir la solitude.

Voilà tout ce que les hommes ont pu inventer pour se rendre heureux. Et ceux qui s’amusent simplement à montrer la vanité et la bassesse des divertissements des hommes, connaissent bien à la vérité une partie de leurs misères ; car c’en est une bien grande que de pouvoir prendre plaisir à des choses si basses, et si méprisables : mais ils n’en connaissent pas le fonds qui leur rend ces misères mêmes nécessaires, tant qu’ils ne sont