Page:Pascal - Pensées, 2e édition G. Desprez, 1670.djvu/311

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[§] Il est dit : croyez à l’Église ; mais il n’est pas dit : croyez aux miracles ; à cause que le dernier est naturel, et non pas le premier. L’un avait besoin de précepte, non pas l’autre.

[§] Il y a si peu de personnes à qui Dieu se fasse paraître par ces coups extraordinaires, qu’on doit bien profiter de ces occasions ; puisqu’il ne sort du secret de la nature qui le couvre, que pour exciter notre foi à le servir avec d’autant plus d’ardeur que nous le connaissons avec plus de certitude.

Si Dieu se découvrait continuellement, il n’y aurait point de mérite à le croire ; et s’il ne se découvrait jamais, il y aurait peu de foi. Mais il se cache ordinairement, et se découvre rarement à ceux qu’il veut engager dans son service. Cet étrange secret, dans lequel Dieu s’est retiré, impénétrable à la vue des hommes, est une grande le-