Page:Pascal - Pensées, 2e édition G. Desprez, 1670.djvu/331

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ni ôter, dit Jésus-Christ même. Les bienheureux ont cette joie sans aucune tristesse. Et les Chrétiens ont cette joie mêlée de la tristesse d’avoir suivi d’autres plaisirs, et de la crainte de la perdre par l’attrait de ces autres plaisirs qui nous tentent sans relâche. Et ainsi nous devons travailler sans cesse à nous conserver cette crainte, qui conserve et modère notre joie. Et selon qu’on se sent trop emporter vers l’un, se pencher vers l’autre pour demeurer debout. Souvenez-vous des biens dans les jours d’affliction, et souvenez vous de l’affliction dans les jours de réjouissance, dit l’Écriture, jusqu’à ce que la promesse que Jésus-Christ nous en a faite de rendre sa joie pleine en nous soit accomplie. Ne nous laissons donc pas abattre à la tristesse, et ne croyons pas que la piété ne consiste qu’en une amertume sans consolation. La véritable piété, qui ne se trouve parfaite que dans le ciel, est si pleine de satisfactions qu’elle en remplit et l’en-