Page:Pascal - Pensées, 2e édition G. Desprez, 1670.djvu/343

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en ôter la réalité qui était auparavant ; cela est horrible.

[§] Le cœur a ses raisons, que la raison ne connaît point. On le sent en mille choses. C’est le cœur qui sent Dieu, et non la raison. Voilà ce que c’est que la foi parfaite, Dieu sensible au cœur.

[§] La science des choses extérieures ne nous consolera pas de l’ignorance de la morale au temps de l’affliction ; mais la science des mœurs nous consolera toujours de l’ignorance des choses extérieures.

[§] L’homme est ainsi fait, qu’à force de lui dire, qu’il est un sot, il le croit ; et à force de se le dire à soi-même, on se le fait croire. Car l’homme fait lui seul une conversation intérieure, qu’il importe de bien régler, corrumpunt bonos mores colloquia prava. Il faut se tenir en silence autant qu’on peut, et ne s’entretenir que de Dieu ; et ainsi on se le persuade à soi même.

[§] Quelle différence entre un soldat et un Chartreux quant à l’obéis-